* Les rafales d’un vent glacial semblaient crisser comme des lames sur les plumes de l’aigle. Sous ses ailes étendues tels les doigts d’une immense main, défilait un paysage anesthésié par les chutes de neiges et les coups de blizzard. Son regard acéré perçu la silhouette du Haut-thane se découper au fond de la vallée. Bientôt ses serres acérées s’ouvriraient pour laisser choir le parchemin précautionneusement enroulé dans la petite fourrure d’ours aux pieds du guide spirituel. *
*Une écriture lourde mais non dépourvue d’une certaine simplicité recouvre le parchemin lorsque vous l’ouvrez. D’anciennes runes y sont tracées d’une main experte :*
Haut-thane,
Si vous lisez ces quelques lignes runiques c’est que mon messager est parvenu à vous trouver – et que vous êtes en mesure de déchiffrer les symboles ancestraux. *Les dernières lignes sont tracées d’une main plus fébrile, comme si leur dessinateur avait pouffé d’un rire malicieux à l’idée qu’un Orc aie intercepté le message.* Tout d’abord je me présente : Toromar fils de l’Oubli, telle est ma malédiction. Je ne connais en effet pas mes parents, et pour un nain cette tare entachera à jamais mon existence. J’ai été élevé par Borion fils de Toromar, dont vous n’avez sans doute jamais entendu parler. Mon mentor mena une existence de reclus dans les hautes montagnes au nord de Forgefer. Hermite recherchant l’Illumination il n’avait presque aucun contact avec la civilisation, ou avec ceux que l’on nomme aujourd’hui l’Alliance. J’ai donc été élevé dans les plus simples conditions, les plus rudes aussi. Mais j’aime à croire que ce sont ces conditions qui forgèrent mon caractère. Et c’est à mon père spirituel que je dois ma persévérance et ma patience, ainsi que mon profond respect pour la vie. C’est sans doute pourquoi, à l’âge où les jeunes nains sortent mettre à l’épreuve leur adolescence, lors de mon quarantième anniversaire, j’ai décidé de me rendre à Karanos pour y suivre une formation de prêtre.
Je vous passerais les tribulations de mon existence d’alors ainsi que les diverses pérégrinations qui m’amenèrent à traverser de nombreuses contrées, à faire de nombreuses rencontres, certaines heureuses, d’autres plus… animées. C’est tout récemment que j’ai appris l’existence des Aigles de Wildhammer et de leur philosophie. J’ai tout de suite retrouvé un grand nombre de mes valeurs dans vos idéaux : de votre relatif retrait vis-à-vis de l’alliance à votre style de vie naturel, sauvage et libre. Après de nombreuses hésitations je me décide enfin à me présenter à vous dans l’espoir que vous me concèderez peut-être une entrevue. Je l’espère et je l’imagine au fond d’une taverne enfumée par les odeurs d’une bonne cuisine naine, aux confins d’une vallée sauvage, loin des agitations du monde moderne et de l’incessant vacarme des grandes villes.
*La lettre se termine par un sceau que vous n’avez jamais vu, ressemblant vaguement à un ours à la gueule grande ouverte, terrassé par une longue lance. Sous le dessin angoissant des lettres pourpres d’un dialecte nain très ancien déclarent:*
Les Fils de l’Oubli,
Puissent-ils briser ce cercle maudit.
Post Scriptum : Pour me faire parvenir votre réponse, si vous le désirez, il vous suffira de l’écrire sur cette tablette en bois et de la briser en prononçant cette formule : Ihc Dolromar Telhum.
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Dim 1 Juil - 21:56